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Hier, mardi 11 septembre, les Journées Juridiques du Patrimoine, qui fêtaient leur dixième anniversaire au sénat, ont consacré une grande partie de leur colloque aux menaces qui pèsent particulièrement sur les églises rurales.

L’Eglise catholique veut-elle encore de ses églises ?
C’est la question un brin provocante que le bâtonnier Alain de la Bretesche, président des JPP, a posé à Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême, qui y répondait devant une salle comble.


La question ainsi posée reflétait l’inquiétude provoquée par de récentes destructions d’églises, notamment en Maine-et-Loire (Voir le dossier « églises en péril » ) et largement relayée dans la presse depuis le mois le mai, ainsi que par de nombreuses associations de défense du patrimoine, présentes dans la salle.
Parmi elles, le récent Observatoire du patrimoine religieux (OPR), fondé par Béatrice de Andia, a récemment tiré une sonnette d’alarme sur la méconnaissance que l’on a sur le sujet : « « il est impossible, a déclaré Béatrice de Andia, de défendre un patrimoine que l’on ne connaît pas. Or on ne sait pas s’il compte 60 000 ou 100 000 édifices. On ne sait pas dans quel état il se trouve… »
Pour cette raison précise, la fondatrice de l’OPR, qui a lancé son organisation dans une grande opération de recensement sur l’ensemble du territoire français. Quant à la menace qui pèse sur des églises en péril,, « vu que l’Etat a fait et défait », elle a appelé de ses « vœux un clergé bâtisseur ou mieux rebâtisseur. »

Les maires, propriétaires des églises édifiées avant la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, en 1905, sont les premiers gestionnaires des bâtiments cultuels.
Par la voix de Pierre le Floc’h, maire de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne), on a mesuré « le parcours du combattant » d’un élu décidé coûte que coûte à sauver son église, alors que le coût de la restauration dépasse de très loin tout ce qu’une commune de 320 habitants pourrait engager…
Pour un maire prêt à soulever des montagnes, combien sont tentés de baisser les bras, de « déconstruire » comme il est d’usage de dire aujourd’hui, ou plus simplement d’attendre que le temps destructeur fasse son œuvre de ruine…

Face à ces questions, ces menaces, il est peu de dire que la réponse de l’évêque d’Angoulême était attendue.

L’Eglise veut-elle encore de ses églises ?
« J’accepte d’entendre les cris d’alarme », s’est d’abord exprimé, Mgr Dagens. Il a déclaré les entendre comme une « prise de conscience publique appelant à des responsabilités communes ».
« L’avenir de nos églises rurales dépend aussi de la reconnaissance de l’Eglise par la société », a-t-il aussitôt souligné. Car les églises ne sont pas que les témoins plus ou moins prestigieux d’un passé révolu.
Elles ne peuvent pas être confondues avec des musées ou des lieux de mémoire, elles sont d’abord des lieux de prière qui font vivre des hommes et des femmes d’aujourd’hui. On ne saurait honorer la valeur historique et artistique de nos églises sans reconnaître la vocation actuelle et permanente de ces lieux : apprendre à vivre de Dieu.
« Nos églises ne vivent pas seulement du passé dont elles sont témoins. Elles vivent de la vie des croyants qui prennent l’initiative de les ouvrir, de les entretenir et de s’y rassembler ».

Néanmoins, l’Eglise peut-elle mieux faire pour ses églises ?
L’évêque d’Angoulême a reconnu qu’il pouvait exister des défaillances dans la prise en compte de la dimension artistique et culturelle de ces édifices, par les communautés catholiques et leurs responsables.
Il a plaidé pour une concertation plus soutenue et régulière avec les élus, les responsables culturels et les responsables des communautés chrétiennes, comme lui-même l’a instituée dans son propre diocèse.
« Nous avons à nous éduquer mutuellement, a-t-il souligné, artistiquement et liturgiquement. »
Il a également plaidé pour les églises soit témoin de ce que vivent les croyants (« la liturgie produit aussi de la culture ») qu’elles soient accessibles à tous, sans oublier qu’elle remplissent aussi une fonction sociale.
Mais il refuse une « co-gestion culturelle » des églises qui confèreraient aux responsables culturels l’animation artistique des églises, et cantonnerait l’Eglise dans un seul service liturgique.

Mgr Claude Dagens a montré qu’il était possible d’agir pour maintenir vivante (et donc debout) les églises rurales, même dans un contexte générale de baisse des vocations sacerdotales et d’évolution des pratiques religieuses traditionnelles… Qu’en est-il ailleurs ?

Les Xèmes journées juridiques du patrimoine

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2 Commentaires
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Emmanuel
Emmanuel
18 septembre 2007 15 h 34 min

sur le commentaire: ce serait trop simple comme cela, depuis le XIIè, l’église est la maison de Dieu et donc consacrée qu’elle appartienne ou non à la commune… il faudrait qu’elle soit désacralisée afin d’être définitivement rendue à d’autres usages…

au delà de cela, il s’agit de notre culture, l’oblitérer ou la mettre en ruine n’est qu’une preuve de myopisme…

Abimelek
Abimelek
17 septembre 2007 18 h 30 min

De quoi s’agit-il ? A ma connaissance, les bâtiments « église » appartiennent aux communes depuis 1905 ? Par ailleurs, pourquoi pleurnicher sur des églises qui sont vides, de plus en plus vides ! Etant qu’elles ne sont plus des lieux de culte, qu’elles deviennent au moins un lieu de culture…Quant à l’Eglise, qu’elle s’occupe d’abord des vivants qui la constituent, que le Peuple de Dieu s’expose et s’exprime comme tel. Après tout, pendant de très nombreuses années, la rencontre entre l’Eternel et les hommes avait lieu dans la « tente de la rencontre »…