0 0 votes
appréciez-vous ce message ?
Article pouvant être lu en 3 minute(s) (hors éléments audio ou vidéo)

la fabrique du patrimoine PATRIMOINE HISTORIQUE ET CULTUREL – A LIRE

Dans l’ensemble de mes lectures « patrimoniales « ,La fabrique du patrimoine, de la cathédrale à la petite cuillère », par Nathalie Heinich fait incontestablement partie de mes coups de coeur.

Chercheur au CNRS, sociologue de l’art, Nathalie Heinich  s’est intéressée à la « patrimonialisation » (excusez le néologisme un peu barbare) de nos édifices, nos monuments et nos objets, comme un médecin légiste dissèquerait un corps  au scalpel. Avec méthode, minutie et l’humour qui convient pour prendre le recul nécessaire ou épingler les anomalies parfois rencontrées dans « le système ».

Comment fabrique-t-on du patrimoine ? Selon quels critères ? Suivant quel processus ? L’auteur n’élude aucune question, même celle qui peuvent faire mal aux différents acteurs du patrimoine, qu’ils soient publics ou privés. L’enquête est nourrie d’exemples concrets qui aide le lecteur à comprendre les réalités de procédures complexes, telles celles menées par les services de  l’Inventaire général – bien expliquées mais toujours un peu obscures pour moi.



Si on peut comprendre qu’une cathédrale, par son architecture, ou même une petite cuillère, par son travail d’argenterie, puissent compter dans un  patrimoine national, selon des critères d’ancienneté, d’estéhitique, de valeur artistique ou culturelle… Que penser de la borne Michelin qui figure sur la couverture du livre de Nathalie Heinich ?

Passé les bornes, il n’y a plus de limites ?

Accompagnant un chercheur de l’Inventaire sur le terrain, la sociologue le voit « mettre en fiche » une borne Michelin.  » Il y a 30 ans, on ne la voyait pas », observe le chercheur qui admet que tous ses collègues ne la prendrait en compte dans leur enquête. Ce que note Nathalie Heincih, c’est qu’à cet instant, cette borne, faite de béton armé, vient d’entrer dans la catégorie du patrimoine culturel : « Devient-elle pour autant monument historique ? Elle le sera le jour où, avec d’autres, dûment répertoriées et décrites, elle bénéficiera d’une mesure de protection matérielle par le service des Monuments historiques. Pour le moment elle est dans les limbes… »

Le fait de  relever son existence « en vue  de… » révèle la véritable inflation patrimoniale qui saisit nos sociétés contemporaines, pas seulement en france, mais dans toute l’Europe. Si la borne, parmi  d’autres, peut fait l’objet d’une instruction, note dans sa conclusion  Nathalie Heinich, ce n’est « pas pour son ancienneté (très relative), ni par sa beauté (ce n’est pas le critère invoqué), ni par sa significaité (sauf peut-être pour un historien du tourisme automobile), mais par son authenticité, doublée de sa rareté. c’est que le passage de trois générations, et la disparition de la plupart des exemplaires de sa catégorie, commencent à la rendre « intéressante », c’est à dire pas tout à fait encore admirable, certes, mais déjà un plus que seulement consultable; autant dire : regardable. »

Notre regard sur les éléments tangibles du passé, édifices ou objets, a bien évolué depuis les première tournées de l’inventaire par Prosper Mérimée… Et c’est tout le mérite de la sociologue de nous en faire prendre pleinement conscience.

Ce qu’en disent mes confrères et consoeurs :

– Ce patrimoine qui se « fabrique » sous nos yeux… Sophie Laurant – C’est notre histoire 24 novembre 2009

« La Fabrique du patrimoine », de Nathalie Heinich : plus de « table rase » pour le passé – Le Monde 21 septembre 2009

0 0 votes
appréciez-vous ce message ?
(164 visites sur cette page - compteur installé sur le site le 22 juillet 2014)
(1 visites aujourd'hui)

Vous pourriez aimer aussi...

Débat : Quel avenir pour le patrimoine de l’Etat
Un Petit Futé dédié aux champs de bataille
La restauration des monuments, casse-tête pour les villages
logo ministere culture
S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires