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CONCOURS

Ce soir, jeudi 4 novembre 2010 l’hebdomadaire Pèlerin et ses partenaires remettront à Paris les prix du concours Un patrimoine pour demain 2010.Une belle opération de mécénat en faveur du patrimoine qui fêtera son vingtième anniversaire

Fondé en 1990, sur le constat d’un patrimoine religieux et local oublié, délaissé ou abandonné, le concours Un patrimoine pour demain voulu encourager les associations et les habitants des différentes localités française à reconnaître leur patrimoine, à l’aimer, à le sauvegarder et le valoriser. Car on n’entretient et on ne sauve que ce qu’on aime, on n’ aime que ce que l’on connaît. Durant dix ans j’ai été associé à la vie et au développement de ce concours. Et la création de ce blog doit tout à ces dix années de découvertes et d’apprentissage.

Effectivement, au cours de ces dix années, j’ai appris que le patrimoine n’était pas qu’une affaire de vieilles pierres. Qu’autour de ces pierres et des oeuvres d’art outragées il y avait d’abord des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions qui ensemble se mobilisaient pour donner une nouvelle vie à un bâtiment ou un objet que les générations précédentes leur avait légués.

C’est ainsi que peu à peu, au fil des rencontres avec les lauréats et des reportages pour Pèlerin, que j’ai compris combien il pouvait être vertueux pour un pays de s’occuper de son patrimoine. J’y décelais cinq vertus principales :

La première est sociale. Le constat est fait en travaillant la revue de presse qu’il ne se passe guère de semaines en France sans que ne soit créée, ici ou là, une association pour la sauvegarde ou la valorisation d’un patrimoine. Ces associations participent activement au tissage de ce lien social qui en trop d’endroit fait défaut. Elles mêlent les générations et les compétences très diverses au service d’un projet. Elles mobilisent l’opinion, engagent des chantiers professionnels ou bénévoles, organisent des fêtes et des temps de rencontres…

La seconde est économique. La valorisation de notre patrimoine fait vivre directement et indirectement au moins 500 000 personnes. 500 000 emplois que l’on trouve dans le secteur artisanal et des métiers d’art, la gestion et l’entretien des sites, dans l’animation touristique… Sans la richesse et la variété de notre patrimoine, du plus prestigieux au plus humble, la France attirerait-elle quelques 75 millions de visiteurs étrangers ? C’est par la protection de paysages variés, et l’entretien et la valorisation du patrimoine qui y est présent,  que notre pays conservera sa première place du pays le plus visité au monde.

Elle est économique et sociale, notons-le, quand un chantier de restauration est l’occasion d’une insertion professionnelle pour des jeunes en situation de rupture scolaire ou de réinsertion pour des adultes depuis trop longtemps à l’écart du monde du travail. Il existe en France une véritable expertise dans le domaine de ces « chantiers-école », organisés par des associations exemplaires. Je garde précieusement cette maxime que me confiait  le responsable d’une de ces associations : « En relevant des murs, nous relevons des hommes ».

La troisième est environnementale. Et cela pour deux raisons. D’abord parce que notre patrimoine s’inscrit dans un périmètre paysager ou urbain dont il faut tenir compte et qu’il faut protéger et entretenir. Ensuite, parce que nos anciens pratiquaient de développement durable sans le savoir, en utilisant les matériaux trouvés sur place, ce qui a donné cette variété dans nos architectures et et nos  spécificités régionales que nous avons eu tort d’oublier. Nous avons à réapprendre à construire « durable ».

La quatrième est politique. Restaurer et valoriser le patrimoine c’est le connaître et connaître son histoire et celle des hommes qui ont jalonné sa vie au cours des siècles. En assumer les heures glorieuses comme les heures douloureuses. Un peuple qui assume son histoire, notamment à travers son patrimoine, ne devrait pas avoir peur de l’étranger qui s’installe. Et l’étranger qui s’installe ou qui ne fait que passer peut comprendre beaucoup de choses du nouveau pays à travers la connaissance de son patrimoine. Disons-le clairement la sauvegarde et la valorisation de notre patrimoine est un facilitateur d’hospitalité et un facteur d’intégration.

L’avenir de notre patrimoine a besoin du regard de l’étranger. Je l’ai observé de nombreuses fois,  la prise de conscience d’une population vis à vis de son patrimoine vient d’un avis, d’une remarque ou d’une question d’une personne qui n’est pas du lieu. Car il n’est pas évident à celui qui toujours vu ou connu un bâtiment (fut-il en ruine), ou un tableau dan,s une église, se percevoir ce que ce bâtiment ou cet objet a d’unique, de précieux… On perçoit rarement la singularité des objets familiers, et on finit souvent par ne plus voir ce qu’on voit tous les jours…

Enfin, cette dimension politique du patrimoine peut s’étendre à notre continent et au-delà. « On aime ce que l’on connait ». Aimerions-nous davantage l’Europe si nous constations que nous possédons un patrimoine commun, une culture commune ? Je le crois. Le patrimoine jacquaire ou martinien, les abbayes clunisiennes,  cisterciennes ou bénédictines pour ne citer que ces exemples, nous montrent que nos peuples ont des choses à se dire et à faire ensemble. Que ce qui nous rassemble et sans doute plus fort que ce qui nous sépare.

La cinquième est culturelle et spirituelle. J’associe volontairement les deux qualificatifs laissant chacun libre de placer le curseur où il le souhaite. L’entretien de notre patrimoine, et notre volonté de le faire vivre nous engage dans la transmission d’une culture et/ou, selon les lieux et les objets, d’une spiritualité. Ces cultures et ces spiritualités qui accompagnent bâtiments et objets peuvent être très variés et très diverses. Cette transmission m’apparaît vertueuse dans la mesure où elle permet à l’homme de grandir en humanité. Plus riches de ce que nos aînés ont éprouvé dans le bonheur comme dans le malheur, nous devenons plus forts pour construire un avenir. Nous sommes héritiers et bâtisseurs. Pas seulement des héritiers ni seulement des bâtisseurs.

C’est bien pour cela que la valorisation de notre patrimoine ne signifie pas de figer les monuments et les objets que nous restaurons dans une histoire ou dans une époque. Nous devons les faire vivre, dans le respect de leur histoire originelle. Un objet ou un bâtiment, même remis à neuf, qui n’auraient plus de fonction auprès de nos contemporains, seraient immanquablement appelés à retomber dans l’oubli, et de l’oubli à l’anéantissement. c’est ce qui  est arrivé à nombre de lavoirs, restaurés dans les 90, et qui sont aujourd’hui retombés dans l’oubli, car écartés de toute vie.

C’est ce qui m’a beaucoup plu dans l’intitulé du concours Un patrimoine pour demain. « Pour demain », cela signifie pour quelle place dans le vie des hommes. La question inlassablement posée aux candidats est celles-ci : Restaurer pour quoi faire ? Quelle nouvelle vie donnerez-vous à ce que vous désirez sauver ?

Joyeux anniversaire à Un patrimoine pour demain et longue vie à Pèlerin et aux généreux mécènes qui l’accompagnent dans cette belle opération de mécénat !

Lire aussi : Les 20 plus belles restaurations du concours Un patrimoine pour demain

Les 13 lauréats du concours Un patrimoine pour demain Patrimoine en blog 8 novembre 2010

« Un patrimoine pour demain » fête ses 20 ans La Croix 3 novembre 2010

Et merci à mes amis de Pèlerin de soutenir ce blog

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