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LETTRE OUVERTE

Anthony Koenig, créateur de l’excellent blog La lorraine se dévoile m’écrit pour me faire part de sa réaction à l’article publié dans Le Monde à la veille des Journées européennes du patrimoine et au titre évocateur :  » Si cher patrimoine « 

Cet article  stipule que si le patrimoine a la faveur du public, il aussi un coût :

 » Financier d’abord, puisqu’il faut le restaurer, l’entretenir, le mettre à la disposition du public, à des prix bien plus élevés que pour les bâtiments ordinaires. Sur un budget de 3
milliards d’euros, le ministère de la culture lui en consacre déjà 870 millions, soit près du tiers. De façon symptomatique, les fortes tensions actuelles sur le budget de la culture devraient davantage affecter les gros établissements (Louvre ou Opéra de Paris) que la création ou le patrimoine. Or ce dernier a la particularité de s’accroître, et donc d’être de plus en plus glouton, surtout depuis la fin des Trente Glorieuses. Avec les années, le périmètre de ce qui est marqué du sceau sacré de la mémoire augmente sans cesse. Peu à peu, des pans entiers de notre environnement basculent dans un espace protégé, donc intangible, sur lequel le temps s’arrête par décision administrative. Comme si tout devait finir par entrer dans le fameux « musée imaginaire » cher à Malraux…  » (le Monde du 13 septembre 2012)

Voici le réaction d’Anthony Koenig (photo à droite), qui sait de quoi il parle, car notre blogueur est aussi un urbaniste patenté :

Anthony Koenig » Ce n’est pas pour parler du patrimoine lorrain que j’écris mais pour évoquer ce numéro du journal « Le Monde » (lire ci-dessus) qui évoque le patrimoine uniquement sur ses coûts ou presque en laissant pour avéré des approximations qui montrent une totale méconnaissance du sujet au-delà des limites du périphérique parisien.

La France serait en train de se figer alors que les paysages, les villes et les villages, même protégés, sont plutôt victimes de périurbanisation, de banalisation, de publicité, de pavillons souvent inadaptés, de zones commerciales, de résidences standardisées…

Les secteurs sauvegardés figeraient à outrance le bâti et seraient réservés aux riches… venez à Neufchâteau par exemple, voire un secteur sauvegardé où les prix au m² sont au-dessous de 800 euros et où l’entretien même des bâtiments est rare… et puis la protection de ce patrimoine évite qu’il ne soit détérioré mais n’empêche pas du tout qu’il poursuive son évolution.

Il paraît qu’on protège à tout va? Essayez de faire classer un immeuble même de grand intérêt et qui est menacé. Pire essayez de sauver un édifice inscrit et même classé qui s’effondre, vous verrez si le législateur est boulimique de restauration…

Que la législation change et s’adapte, oui ! qu’on ne protège plus sous prétexte que tout serait figé et embourgeoisé, non !

Ce journaliste prétend qu’on arrive plus à imaginer notre futur et le patrimoine en serait responsable? Regardez plutôt du côté des crises économiques et sociales qui se succèdent! Au contraire on ne construit pas son avenir en ignorant son passé et le patrimoine n’est pas que le passé, il faut sans cesse le réinventer pour le futur mais en le respectant (pour cela il faut le comprendre et donc le connaître ce qui ne semble pas être le cas de ce journaliste).

Bref il y a aurait beaucoup à dire et il est triste de voir un journal national reconnu se laisser aller sans mesure à des généralités peut-être vraies dans la capitale (et encore, certains projets supposeraient le contraire) mais si loin des réalités des régions.

Et puis qu’un immeuble disparaisse n’est pas toujours grave en soit, le problème est aussi et surtout qu’à la place domine l’architecture de promoteur ou même de vrais projets d’architecte mais totalement déconnectés du tissus urbain même si certaines réalisations récentes sont aussi exemplaires (et très rares) et il faut aussi le souligner.

Que faire ? Réagir mais comment ?

En invitant le Monde à découvrir un pays qu’il ne semble pas connaître : la France…. (qui ne se limite pas à Paris) aussi étonnant que cela puisse paraître. Il faut peut-être y joindre l’ouvrage de Françoise Choay « Le patrimoine en questions – Anthologie pour un combat ».

Plus nous serons nombreux à réagir et plus le message portera peut-être. Sans aller dans la caricature inverse de celle proposée par l’article je pense qu’il y a là une vraie méconnaissance des problèmes du patrimoine en France. C’est assez désespérant pour nous associations et particuliers qui essayons de valoriser ce qui peut l’être dans un univers où les agressions sont quotidiennes. Celle-ci en était une plus subtile mais aux effets peut-être plus terribles encore. »

Anthony Koenig

Découvrir la Lorraine se dévoile

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