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Que Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, aime les cathédrales n’est pas un scoop. Il est l’initiateur d’une édifiante collection chez La Nuée Bleue, intitulée « La grâce de la cathédrale de… ».  Plus d’une dizaine d’entre elles ont reçu leur monographie, aujourd’hui indépassable.

Mgr Doré revient sur cette aventure éditoriale exceptionnelle tant dans son ambition que dans sa réalisation, dans l’ouvrage qui nous intéresse ici: Le monde des cathédrales ( Mame, novembre 2014).

Mais auparavant il nous raconte une toute autre histoire. Parfois plus intime quand il évoque son lien personnel avec les cathédrales de Nantes et de Strasbourg. Plus érudite, à d’autres pages, quand elles décrivent le sens historique, liturgique et théologique de ces églises pas comme les autres. Plus politique, au sens premier du terme, aussi quand est abordée la place de l’édifice dans la ville et dans une société qui se revendique laïque.

Personnellement,  j’ai beaucoup apprécié les pages vivantes dans lesquelles l’auteur rappelle comment, au tournant de la Réforme protestante, les chaires ont été installées pour la reconquête des nefs et des âmes. Mais j’ai surtout vibré quand le théologien aide le lecteur à pénétrer la grâce de ces lieux cultuels. Une grâce offerte à tous comme un cadeau gratuit, une élégance gracieuse, un pardon qui gracie…

L’extrait :

En matière de religion et de foi, l’ignorance est croissante parmi nous. En France, et chez les jeunes en particulier, la part des « hors toute religion» approcherait les 25 %. Cela étant, faut-il s’étonner que soient bien peu nombreux ceux qui cherchent Dieu, avec de véritables chances de le trouver, par la voie du vrai? Cette voie exige des capacités réflexives qui ne sont pas données à tous, et elle suppose le recours à des maîtres auxquels assez peu de membres de notre société ont accès. (…)

Reste alors, pour beaucoup en tout cas, la voie du beau. (…), le beau a ceci de particulier qu’il se donne à voir et à rencontrer facilement puisque, tout simplement, il est là, et que non seulement il nous préexiste indépendamment de nous, mais il s’offre gratuitement à tous. Ne suffit-il pas dès lors à quiconque d’ouvrir les yeux, pour en découvrir les multiples « incarnations» ?

Or c’est un fait que, dans un pays comme le nôtre en tout cas, une proportion considérable du patrimoine artistique que nous avons reçu des siècles qui nous ont précédés, n’est pas seulement « marquée» par le christianisme, mais bien proprement et explicitement chrétienne; et I’on dit couramment qu’en France, elle serait même de l’ordre des 60 % …

Dans ce patrimoine, les cathédrales occupent évidemment la place primordiale. Mieux encore : nos cathédrales sont l’objet d’une attention et d’une sollicitude croissantes de la part des pouvoirs publics qui en ont la charge (et, pour l’État français, la propriété), et elles sont fréquentées, en outre, par un public de plus en plus large.

Il y a donc manifestement là un point de contact – disons « une interface » non seulement éventuelle mais effective – entre « la société» en général, aussi sécularisée qu’elle puisse être, et « la foi chrétienne», en ces si nombreuses formes d’expression qu’elle s’est données à travers les siècles, qui n’ont pas manqué d’être entretenues jusqu’à nous, et qui demeurent toujours sous nos yeux.

J’ose dire, alors, que la responsabilité incombe donc gravement aux chrétiens et à toute l’Église d’intervenir activement sur cette interface, pour se mettre au service de la communication qu’elle ne se contente pas d’appeler ni seulement de rendre souhaitable et possible, mais qu’elle amorce bel et bien déjà. Communication, précisons-le, avec un public paradoxalement à la fois de plus en plus présent et intéressé … et de plus en plus ignorant…

Et comment ne pas savourer ces deux principes simples que nous adoptons volontiers : « Ce qui a été produit par la foi ne peut être tout à fait intelligible sans elle » ; « Ce qui est le fruit de la foi peut toujours offrir un chemin vers elle ». L’émotion est une voie légitime et la culture n’est pas un accessoire.

Benoit de Sagazan

Le monde des cathédrales par Mgr Joseph Doré, Mame, 224 p. 17,90 €

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