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PAS-DE-CALAIS – DEMOLITION

Information due à Hervé Vaughan et lue sur le site de la Voix-du-Nord :

Plus rien ne s’oppose à la démolition de la chapelle Saint-Bernard

Le maire de Clairmarais et le diocèse, propriétaire des lieux, étaient en désaccord sur le sort de la chapelle Saint-Bernard, en ruine. Le diocèse voudrait l’abattre pour en faire un parking. Le maire aurait voulu la sauver. Le péril imminent et le danger qu’elle représente vont mettre tout le monde d’accord.

Depuis une semaine, la chapelle est entourée de barrières. De même, le parking qui jouxte l’édifice est désormais fermé. VdN
Depuis une semaine, la chapelle est entourée de barrières. De même, le parking qui jouxte l’édifice est désormais fermé. VdN

1 Pourquoi la chapelle est-elle abandonnée ?

Parce qu’elle ne correspond pas aux attentes, selon l’abbé Laurent Boucly, doyen de Saint-Omer. «  Les pèlerins qui se rendent à la grotte de Clairmarais y viennent parce qu’ils ne souhaitent pas, à ce moment-là du moins, se retrouver « enfermés» dans une église. Ils ont un sentiment de liberté. Du coup, cette chapelle ne sert à rien à cet endroit-là.  »

2 Dans quel état est-elle ?

«  Quand j’ai pris mes fonctions il y a deux ans, la chapelle était déjà dans un état lamentable, se souvient Laurent Boucly. Il était déjà trop tard pour faire quoi que ce soit.  » Depuis la fin de la semaine dernière, elle est entourée de barrières, posées par la mairie, sur lesquelles ont été posés des panneaux : «  accès interdit, péril imminent  ». Le parking à côté est interdit lui aussi. «  Il y a un mois, raconte Laurent Boucly, je me suis dit : « ce n’est plus possible, nous sommes devant un péril». J’ai averti par courrier et la mairie et le propriétaire, le diocèse.  »

Un panneau pour interdire l’accès près de la chapelle a été installé, à Clairmarais.Du coup, Damien Morel, maire, a sollicité le service habitat de la communauté d’agglomération de Saint-Omer (CASO) qui a confirmé le péril imminent, et le Département. Ce dernier a posé des panneaux pour prévenir des risques de chutes de pierres sur la RD 209, rue du Grand-Nieppe, qui passe devant la chapelle. Enfin, comme la loi l’y oblige, le maire a demandé le passage d’un expert mandaté par le tribunal administratif. Il s’est rendu sur place mercredi 12 octobre et a rendu ses conclusions. Il confirme le risque de péril imminent.

3 Et maintenant ?

«  Je vais prendre un arrêté de péril immédiat et l’afficher  », indique Damien Morel. Il va aussi faire parvenir au diocèse la liste des travaux préconisés par l’expert, à réaliser dans un délai d’un mois, pour mettre un terme au péril imminent. Entre autres : … Lire la suite sur Plus rien ne s’oppose à la démolition de la chapelle Saint-Bernard – La Voix du Nord

Mon commentaire

C’est le type d’information que je n’aime pas lire. Que de tristesse ! Comment en sommes-nous arriver là ? Sans doute à la suite de décenies d’incurie… Le pèlerinage du 15 aout à la grotte de Clairmarais (une réplique de celle de Lourdes) a la réputation d’être le sanctuaire marial le plus fréquenté au nord de la Seine. J’ai du mal à croire qu’aucune idée ne soit venue au propriétaire pour lui trouver un usage utile dans ce contexte touristico-religieux. Mais il est vrai que je connais pas suffisemment le dossier pour porter un jugement définitif sur ce qui n’a pas pu se faire.

Je répète ici quelques maximes, tirées de mon expérience patrimoniale:

  1. Restaurer un bâtiment historique fédère, le démolir divise profondément, parfois durablement, une population. Cette observation, nourrie de nombreux exemples, n’est pas anodine pour ceux qui déplorent la fragilisation de la cohésion sociale de notre société.

  2. La volonté précède les moyens. Les nombreuses expériences rencontrées prouvent que le premier moteur du sauvetage d’un édifice patrimonial est la volonté. En de nombreux lieux, la volonté a défié heureusement ce qui semblait au premier abord impossible. Quand la volonté existe, les moyens suivent. Et non l’inverse. Les échecs constatés ont d’abord résulté d’une démission face à ce qui apparaissait comme une fatalité. Les exemples de sauvetages, a priori impossibles, par des communes, des associations ou des personnes, sans le moindre sou d’avance, sont trop nombreux pour ne pas croire à cette loi.

  3. Le patrimoine coûte cher quand il n’est pas régulièrement entretenu. Une simple fuite non réparée à temps entraine inévitablement des dégâts considérables. Le patrimoine coûte effectivement très cher quand on constate trop tard l’immensité des dommages accumulés au fil des années. De fait, ce ne sont pas les plus riches qui entretiennent le mieux leur patrimoine, et ce ne sont pas les plus pauvres qui l’entretiennent le moins bien. Les meilleurs propriétaires, et qui dépensent le moins, sont ceux qui surveillent et prennent soin de leur bien au quotidien. Cela vaut pour tout type de propriétaire public ou privé.

  4. Ne pas entretenir le patrimoine est injurier l’avenir. Force est de constater que les monuments disparus ou en ruine sont encore pleurés des siècles après leur destruction. Les projets de reconstructions (les Tuileries, le château de Saint-Cloud) et les énergies déployées pour redonner vie virtuellement à ce qui n’est plus (Jumièges, Cluny), le prouvent aisément.

  5. Transformer vaut mieux que démolir. Tout bâtiment est sauvé dès lors qu’il trouve une fonction et une vie véritable. Quand il perd son usage initial, il ne faut pas avoir peur de lui en donner une autre, là aussi pour ne pas injurier l’avenir. La France médiévale, par exemple, possédait deux phares qui rayonnaient sur le monde chrétien européen : le mont Saint-Michel et l’abbaye de Cluny. Le premier fut transformé en prison après confiscation des biens du clergé par la Révolution. Ce qui le sauva. Il est aujourd’hui redevenu une abbaye et un joyau de notre patrimoine. Le second fut vendu sous la Révolution, mais les régimes successifs n’ont pas empêché son funeste destin de carrière de pierre. L’abbaye a disparue au trois-quarts. Les efforts mis à sa reconstitution virtuelle montre qu’on pleure encore, deux ans après la disparition de sa splendeur originelle.

Dommage que la volonté et la créativité n’aient pas été au rendez-vous pour sauver cette chapelle visiblement digne d’intéret…

BS

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5 Commentaires
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Damien Morel
Damien Morel
25 mars 2017 15 h 19 min
Répondre à  PHILIPPE PETITPRE

Malheureusement, le propriétaire du site n’a jamais souhaité étudier un projet de restauration même partiel… Je peux le regretter pour avoir organiser de nombreuses réunions avec des interlocuteurs qui auraient même pu financer partiellement l’opération.

Effectivement un projet de gîtes de groupes pour accueillir des retraites, des scouts ou autres faisait sens.

GILBERT LEFEBVRE
GILBERT LEFEBVRE
31 janvier 2017 12 h 10 min

c’est une honte d’avoir laisser détruire cette trés belle chapelle que j »ai connu du temps ou les frères habitaient encore à coté,leur demeure fui détruit aussi,j’avais pensé que la belle chapelle avait été gardé pour restauration Hélas malgré la richesse de l’Eglise rien n’a été fait pour sauver la chapelle celle ci parmi tant d’autres a disparu et combien d’autres seront détruites quelle honte pour la disparition de tels monuments construits à la sueur des hommes de Dieu avec des moyens rudimentaires et surtout dans la foi de servir DIEU la beauté et le silence de ce lieu est à… Lire la suite »

Patrick Depoix
Patrick Depoix
14 novembre 2016 14 h 32 min

Lisez cette pagepour en comprendre d’avantage svp:
http://bibliotheque-numerique.bibliotheque-agglo-stomer.fr/fenetre-sur/

Patrick Depoix
Patrick Depoix
14 novembre 2016 14 h 29 min

Comme vous dites Victor Hugo avait raison! Tout passe à la trappe de l’histoire! C’est un peu de notre avenir qu’ils veulent détruire! Personne ne sait même plus pourquoi on y célébrait Saint Bernard et comment s’appelait l’abbaye de Clairmarais: Notre-Dame de Clairmarais, environ 15e abbaye cistercien français cad de l’ordre de Bernard de Clairvaux. CQFD. Bravo Mr Morel, vous êtes bien le seul a comprendre ces lieux si chargé de l’histoire puissante de Saint Omer tout entier. Saviez vous que cet abbaye avait bénéficié de l’argent de la Reine d’Angleterre, française pour être construite… et juste après les premières… Lire la suite »

PHILIPPE PETITPRE
PHILIPPE PETITPRE
19 octobre 2016 23 h 21 min

C »est une grande tristesse de voir cet édifice disparaître, surtout pour tous ceux qui y ont prié et chanté dans les années 50 /60. Il ne nous restera que de vieilles photos ! et des souvenirs d’une période heureuse.