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NORD / DESACRALISATION

Information lue sur le site de La Voix du Nord en date du 4 octobre 2016 :

Lille : la ville et l’archevêché réfléchissent à la désacralisation de nouvelles églises

Il y a quelques jours, Martine Aubry a exprimé son souhait de voir, dans un avenir proche, l’évêché désacraliser des églises lilloises. Si le diocèse confirme l’existence d’une réflexion à ce sujet, celui-ci se veut beaucoup plus réservé sur son état d’avancement. Le coup serait-il parti trop vite ? Sous le beffroi, on rétropédale.

face à la désacralisation. Église désacralisée au milieu des années 2000 et transformée en lieu culturel, Sainte-Marie-Madeleine, dans le Vieux-Lille, abrite l’installation monumentale « God Hungry » de l’artiste Subodh Gupta. PHOTO PATRICK JAMES
Église désacralisée au milieu des années 2000 et transformée en lieu culturel, Sainte-Marie-Madeleine, dans le Vieux-Lille, abrite l’installation monumentale « God Hungry » de l’artiste Subodh Gupta. PHOTO PATRICK JAMES

La nouvelle est tombée du ciel au détour d’un propos sur la difficile gestion et l’important coût d’entretien du patrimoine municipal. Nous en avons beaucoup parlé cet été (souvenez-vous, les parpaings de la citadelle). Ce jour-là, nous sommes le 23 septembre, la maire de Lille tient sa conférence de presse de rentrée devant les médias, régionaux et nationaux, à la gare Saint-Sauveur. Et Martine Aubry annonce : «  La plupart de nos églises ont été construites au XIXe siècle, avec des matériaux qui sont ceux d’avant et des techniques moins résistantes que celles d’aujourd’hui. Les unes après les autres ont des difficultés, et les travaux sont extrêmement coûteux. D’ailleurs, nous prendrons la décision, avec l’archevêque, de désacraliser certaines églises qui ont peu de fidèles, pour pouvoir faire des travaux rapidement sur celles qui, au contraire, resteraient sacralisées.  » Pas anodin.

Des églises désacralisées, Lille n’en compte que très peu. Sainte-Marie-Madeleine, dans le Vieux-Lille, l’est depuis le milieu des années 2000. L’édifice est devenu lieu d’exposition en 2006 à la faveur de Bombaysers, saison culturelle de lille3000. Il abrite l’imposante installation God Hungry de l’Indien Subodh Gupta. Au Faubourg-de-Béthune, l’église Saint-Germaine accueille depuis peu un centre de soins, à la demande de l’Agence régionale de santé. Des exceptions, tant la désacralisation reste rare. «  Je ne vais pas priver des communautés de leurs églises pour le plaisir simplement de m’en débarrasser. (…) La désacralisation des églises pour lesquelles je ne fais aucun choix actuellement ne résoudra pas le problème de la propriété (les églises sont propriété de la ville) et donc de l’investissement nécessaire pour l’entretien du gros œuvre  », confiait, dans les jours qui ont suivi l’intervention de Martine Aubry, Monseigneur Ulrich, évêque de Lille, au micro de nos confrères de RCF. Et d’ajouter : «  Je ne le ferai que là où l’on verra qu’il y a un projet possible, intéressant et conforme au bâtiment lui-même.  »

« Rien n’est décidé »

«  Rien n’est décidé  », appuie Thierry Vandemoortele, vicaire épiscopal. Une commission constituée de membres de l’Église et de la ville a bel et bien vu le jour, depuis plus d’un an. Celle-ci réfléchit à… Lire la suite sur Lille : la ville et l’archevêché réfléchissent à la désacralisation de nouvelles églises – La Voix du Nord

Mon commentaire :

A la première lecture, l’information peut paraitre choquante. Le pouvoir politique, ici local, pousserait à la désacralisation de nos églises. Certains y verront une volonté idéologique d’effacer des signes religieux dans notre société en transformant nos églises à d’autres usages que le culte. Il est vrai aussi que la désacralisation et le changement d’affectation des églises paraissent aux yeux de beaucoup (notamment de mes confrères journalistes) comme une solution, une panacée, au problème que posent les églises en danger et aux églises désertées par les fidèles catholiques.

Une réponse en trois temps

En décembre 2011, à ce sujet j’écrivais ceci et mon opinion depuis n’a guère changé :

Concernant la vente et la reconversion d’églises, ma réponse est graduelle, tenant comme principe qu’un bâtiment sans fonction, sans vie, est inéluctablement voué à la ruine :

1) C’est d’abord à la communauté chrétienne locale d’être inventive pour faire vivre son église par tous moyens. Constatant que le culte eucharistique (la messe), seul , ne saurait la faire vivre.

2) Si cette communauté ne peut, elle seule, faire vivre l’édifice cultuel, peut-elle imaginer le partager ? Si oui avec qui et comment ? C’est le principe de plus en plus fréquemment adopté au Canada où nombre d’églises deviennent des centres communautaires. La semaine les associations locales pouvant se réunir dans la nef ; le dimanche et les fêtes religieuses, lors des baptêmes, des mariages et des funérailles, l’église retrouve sa fonction cultuelle… Maison de Dieu, maison des hommes

3) Si les deux solutions précédentes s’avèrent épuisées ou impossible, je préfère une vente à une destruction afin de ne pas injurier l’avenir. Qui sait ce que sera la spiritualité des générations futures. Imaginons nos ancêtres au sortir de la Révolution française, auraient-ils prévu dans ce pays en grande partie déchristianisé que le siècle naissant (le 19è en l’occurrence) serait le plus grand siècle missionnaire des Eglises catholiques et protestantes ? Ne soyons pas cette génération à qui nos descendants reprocheraient d’avoir tout détruit !

Qui dit vente dit reconversion (après la désaffection, en France, et la désacralisation)  et changement de destination. Ces bâtiments religieux même sécularisés ne sont pas comme les autres. Il importe de veiller à leur prochaine utilisation. On peut imaginer que certaines soient plus compatibles que d’autres à « l’esprit des lieux ». En disant cela, je pense davantage à des activités éducatives (musées, bibliothèques, médiathèques, auditoriums…) et caritatives…

En vertu de ce qui vient d’être dit précédemment et concernant le cas lillois tel qu’il apparait dans l’article de la Voix du Nord (ci-dessus), et sans épiloguer inutilement sur les intentions réelles des uns ou des autres, il me parait important qu’un dialogue continu et constructif se noue entre les élus politiques locaux, les communes étant propriétaire des églises édifiées avant décembre 1905, et les évêques représentant l’affectataire (ceux qui par la loi de 1905, ont des églises l’usage cultuel exclusif).

Dialogue et écoute réciproque

C’est par un dialogue raisonnable et l’anticipation des problèmes que l’avenir de nos églises sera assuré. Il y a quelques années un préfet, dans l’Orne, avait suscité un tel groupe de travail afin de réfléchir à l’avenir des églises rurales de son département. Malheureusement, cette commission n’a pas survécu à son départ, quelques mois après.

Tout cela pour dire, qu’un groupe de travail suivi, mené par le maire et l’archevêque de Lille, me semble a priori relever d’une bonne pratique. Reste que cette pratique ne sera bonne que s’il existe entre les parties une écoute attentive et réciproque.

Vous n’êtes pas d’accord avec moi ? Faites-le moi savoir (avec courtoisie) en laissant un commentaire ci-dessous. merci d’avance.

BS

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