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La reconversion des bâtiments religieux: une opportunité pour les Eglises?
Signe de la sécularisation de la société, de plus en plus de bâtiments religieux sont reconvertis, en Suisse. Un colloque, organisé le 25 août 2017 à l’Université de Berne, a fait le tour de la question, suggérant que le phénomène peut être vu, du côté des Eglises, comme une opportunité d’ouverture, plus que comme un constat d’échec.
Les espaces de l’église catholique MaiHof, à Lucerne, sont loués plus de 1600 fois par an pour des activités hors du cadre de la paroisse. L’église du Petit-Lancy, à Genève sert à présent de lieu de réunion au club sportif des “Amis montagnards”. Le Temple de la Croix-d’Ouchy à Lausanne sera transformé en bibliothèque ou en cafétéria.
Une réalité plurielle
Ce ne sont que quelques exemples des près de 200 lieux sacrés qui ont fait l’objet, ces 25 dernières années, d’une reconversion. Une septantaine d’édifices catholiques sont concernés, ainsi qu’une quarantaine de réformés. Le reste sont des bâtiments d’autres confessions chrétiennes.
Ce processus touche principalement des structures qui se retrouvent inutilisées et que les propriétaires n’ont pas les moyens de conserver. Le phénomène est évidemment lié à la désaffection croissante, au sein de la population, pour la pratique et l’engagement religieux.
La dizaine d’intervenants qui se sont exprimés à l’invitation de la Faculté de théologie de l’Université de Berne ont tracé le portait d’une réalité complexe et multifactorielle, qui touche aussi bien les Eglises que la société.
Pour une procédure standardisée
“L’augmentation continue de ces cas de réaffectation et les tensions que celles-ci peuvent générer dans les communautés nous ont convaincu de réunir les personnes concernées par ces processus, pour esquisser une marche à suivre dans le domaine”, note Johannes Stückelberger, maître d’enseignement pour l’esthétique des religions et des Eglises à la Faculté de théologie pratique de l’Université de Berne. Car il n’existe pas pour l’instant en Suisse de procédure standardisée en la matière… Lire la suite sur La reconversion des bâtiments religieux: une opportunité pour les Eglises? – cath.ch
Mon commentaire
Cet article m’a intéressé sur plusieurs points.
Le premier est l’institution de ce KIRCHENBAUTAG suisse, sous l’égide de l’université de Bern. Tous les deux ans, des responsables religieux, catholiques et réformés, et des universitaires se réunissent sur l’avenir de l’architecture religieuse et des édifices cultuels. La reconversion des églises est aujourd’hui l’une des motivations principales de leur rencontre.
Une base de données
La première rencontre en 2015 a donné lieu à la création d’une base de données intéressante sur le sujet. On y voit sur près de 200 églises et temples, les solutions apportées à la renaissance de l’édifice : de la diversification des usages, aux usages partagés avec le monde civil, aux reconversions profanes…
L’expérience des usages partagés
On connaît en France la forte réticence des évêques à l’expérimentation d’usages partagés de nos églises quand le culte ne suffit plus à les faire vivre. En Suisse, comme au canada, des communautés catholiques ont franchi le pas, certaines allant jusqu’à louer la nef pour des concerts, des conférences, des expositions… tel est le cas de l’église de Maihof (Saint-Joseph) à Lucerne. d’autres vivent une expérience proche des centres communautaires que l’on peut rencontrer au Québec. Il est vrai que dans ces pays concordataires (hormis, semble-t-il, le canton de Vaud), les diocèses sont propriétaires de toutes leurs églises.
Renouer avec la religion et le sacré
Certains disent même qu’outre l’apport financier non négligeable pour l’entretien du bâtiment, l’ouverture de l’église à d’autres activités est une manière de faire revenir des personnes dans l’église et de leur permettre de (re)découvrir l’Eglise : « L’occasion, pour les personnes éloignées de l’Eglise, de renouer avec la religion et le sacré”, est-il écrit dans l’article. A Lucerne on parle de « communauté dynamisée », l’ouverture et le partage étant sans doute vécue comme une activité missionnaire.
Pour un nouvel usage à « objectif élevé »
J’ai également été intéressé par l’idée développée chez nos voisins qu’une église conservait, même en cas de désaffectation et de changement d’usage, un caractère sacré, y compris parmi la population qui ne participe plus ordinairement au culte. Le nouvel usage du bâtiment ne pouvait relever que d’un objectifs “élevés”, tels que l’art, la culture, l’aide sociale… On aurait pu y ajouter l’éducation.
Benoît de Sagazan
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