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L’Echo Républicain du 6 novembre publie une interview à la suite d’un entretien accordé il y a quelques semaines. Un exercice qui m’interroge à chaque fois : faut-il risquer sa parole au risque d’être déçu ?

BS dans Echo républicain du 6 11 2018
Dans l’Echo Républicain du 6 novembre 2018.

Certains riront peut-être devant l’état d’âme d’un « arroseur arrosé ». J’ai longtemps pratiqué dans mon métier de journaliste l’interview et je la pratique encore. Depuis de longues années, j’ai pris le parti de les faire relire à l’interviewé, même si je sais que cette procédure est souvent critiquée par mes confrères et mes consœurs, car la relecture laisse à la langue de bois la possibilité de réapparaître et nuit à la spontanéité de l’entretien. C’est effectivement un risque.

A contrario, il ne se passe guère un mois sans qu’un journaliste ne me sollicite un entretien sur l’avenir du patrimoine religieux. Jusqu’ici  j’ai toujours pris le parti de faire confiance aux professionnels qui m’interrogeaient, sans leur demander de relire les propos recueillis avant parution. Il est vrai aussi que j’ai rarement été pleinement satisfait du résultat.

J’ai longtemps cru que si je ne me retrouvait pas dans le contenu de l’interview, c’était parce que je m’étais mal exprimé. Sans doute ai-je été trop souvent prolixe, n’échappant pas à la tentation de vouloir tout  dire sur le sujet, au point de noyer mon interlocuteur sous un flot d’informations difficiles à démêler.

Le seul vrai problème est que la question des églises est un sujet sensible sur lequel ont ne peut pas dire n’importe quoi et qu’il convient de rester mesurer et d’apporter mille nuances. Le journalisme dans sa brièveté ne permet pas cela. Aussi, la proposition de la revue Etudes a récemment été vécue par moi comme un aubaine à saisir, celle de pouvoir exprimer avec mes mots et les nuances que je souhaitais une parole forte et personnelle sur l’avenir de ce patrimoine qui me tient tant à cœur.

A ceux qui veulent savoir vraiment ce que je pense, je conseille toujours de se reporter à ce que j’écris sur ce blog, dans les articles écrits sous ma plume, dans la revue Etudes ou dans Patrimoine et cadre de vie, par exemple, et non aux propos qui me sont prêtés dans la presse. Un livre, encours d’écriture, devrais également voir le jour prochainement, je l’espère.

Dans l’entretien publié ce jour dans la presse quotidienne régionale, je reconnais avoir dit tout ce qui est écrit. Je n’ai pas de grand grief à reprocher à ma consœur qui m’a longuement écouté et dont je reconnais la difficulté de devoir donner le plus d’informations possible en si peu d’espace. D’où l’apparition de raccourcis qui ne reflètent pas ma pensée exacte.

Les propos dans le cas présent mériteraient des nuances et des développement notamment sur les conditions d’un usage partagé qui ne saurait se produire sans conditions et sans réflexion, y compris théologique, préalables.

Si j’aime citer le maire de Rennemoulin (Yvelines) qui voudrait que son église soit le « couteau suisse » de son village, ce n’est pas parce que j’aime  l’idée mais  parce qu’elle traduit bien le désir de nombreux maires qui ont investit parfois lourdement dans la restauration de l’édifice cultuel et qui déplorent qu’elle soit si peu ouverte ou sous-utilisée.

A cette inquiétude, voir à cet agacement, des maires devant leur église vide, les chrétiens ont à répondre, comme je l’ai écrit maintes fois. La messe, ou la célébration eucharistique, ne peut pas être le seul motif de l’ouverture et du rassemblement dans une église. il faut inventer et susciter de nouvelles occasions de se rassembler dans les églises et les chrétiens ont un devoir dans ce domaine.

Sinon, l’Eglise catholique ne pourra pas se plaindre éternellement (ni s’opposer) aux occupations sauvages et profanes des églises désertées ou sous-utilisées. Les cas de sont pas si rares de maires qui utilisent leur église pour y prononcer leurs vœux de début d’année à la population, ou la réquisitionne pou y mettre les tables de ping-pong le temps que la salle communale soit rouverte, ou y organisent une soirée-crêpes tout ce qu’il y a de plus laïque…

Pour revenir à la question initiale, même si la satisfaction est rarement pleine et entière (il convient aussi de se méfier de son propre orgueil), je crois qu’il reste utile de continuer à risquer sa parole, même maladroite, car c’est, avant tout, donner une chance supplémentaire à la cause que l’on promeut, de susciter d’autres réflexions chez des lecteurs, d’ouvrir des portes nouvelles et surtout – car l’essentiel du message est là – d’inviter les acteurs concernés à se parler ensemble de l’avenir de ce patrimoine religieux.

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