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architecture et arts sacrés 1945 à nos jours_Pierre Vérot, chercheur indépendant en histoire de l’architecture contemporaine, et Christine Blanchet, historienne de l’art, livrent une étude magistrale et passionnante sur l’architecture religieuse et les arts sacrés de 1945 à nos jours.

Architecture et arts sacrés : De 1945 à nos jours par Pierre Vérot  et Christine Blanchet, archibook, 2015, 615 pages, 26,5 €

Dès les premiers mots de l’introduction, j’ai appris  que « que près de 3000 églises catholiques ont été bénites en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », dont 15% (à peine) au titre de la reconstruction d’édifices détruits par les bombardements.

L’histoire de cette architecture contemporaine s’étudie selon trois phases : une première qui mène à la charnière symbolique de mai 68, Une seconde qui conduit à l’orée de l’an 2000. Une dernière enfin qui se manifeste en ce début de 21e siècle. Au cours de la première période, l’église demeure « un édifice de référence « que nul n’ignore, ouvert et visité à toute heure » ; lors de la seconde, dans certains quartiers du moins, « l’église disparaît pratiquement du paysage, devenue discrète, banale, parfois indiscernable » ; enfin réapparaissent avec le début de siècle, des lieux de culte « bien identifiés » certes, mais « au sein d’un environnement saturé de signes et de messages concurrents ».

L’essai ne fait que brosser une histoire de l’architecture, fut-elle religieuse, elle fouille également les liens que l’Eglise catholique noue, ou pas selon les périodes, avec les artistes, et la place que tiennent les arts sacrés au sein d’une culture globalement en crise. Dans cette histoire, le concile Vatican II demeure la référence marquante, tant dans ses apports féconds que dans ses interprétations parfois malheureuses.

Dans cette étude de plus de 600 pages, les illustrations d’églises contemporaines ornent chaque page de gauche. Ce qui présente un catalogue presque complet de ce qui s’est construit de significatif depuis 1945. Et je dois l’avouer, cette compilation forme le regard sur les évolutions et les audaces de ces architectures qui toutes veulent exprimer une intention symbolique particulière.

Le journaliste que je suis s’est montré naturellement très sensible aux derniers chapitres de l’essai qui brossent l’actualité de nos églises au cours des quinze dernières années. Abandons et démolitions, restaurations et renaissance, mutations, aucun débat n’est oublié, nourri par de nombreux exemples de terrain. Même Patrimoine en blog est cité ! (P. 540) Ce qui fut pour moi l’occasion d’apprendre que Pierre Vérot en est un fidèle lecteur. Y compris sur ces chapitres d’actualité, j’ai beaucoup appris.

Cet ouvrage conséquent a d’orès et déjà rejoint ma bibliothèque d’ouvrage de référence sur le thème, tant visité, des églises. Je ne saurai trop vous le conseiller. En toute sincérité.

Benoit de Sagazan

Ce qu’en dit l’éditeur :

Pour les édifices religieux français, la période 1945-2015 marque plusieurs ruptures successives rapides et fortes, dans un paysage désormais pluriel, saturé de signes et d’interpellations – ou, dans certaines zones, dramatiquement appauvri. C’est, au début, l’une des périodes historiquement les plus actives et optimistes de constructions d’églises. Puis «après 68», un passage à vide quasiment sismique déstabilise ses propres acteurs. S’en suit une «récupération» fragile elle-même suivie, aujourd’hui, par l’ouverture d’une séquence souvent douloureuse de reconversions, «déconstructions» ou démolitions d’églises, sans précédent en temps de paix.

Dans tous les cas, les débats autour des églises reflètent directement des enthousiasmes, des «décompressions» ou des clivages bien plus larges dans la société et la culture de notre continent. Ils en sont parfois les otages ; ils les inscrivent dans la pierre. Il importe de savoir les déchiffrer, car les générations qui en sont à l’origine s’effacent désormais inéluctablement. Dans ces cycles qui se succèdent plus rapidement qu’au «temps des cathédrales», deux constantes inattendues dans un pays si attaché à sa laïcité polysémique font l’objet de ce livre : l’intérêt constant des architectes et autres artistes pour ce type d’édifice, neuf ou – ancien ; et aussi, l’investissement tenace des Pouvoirs publics non seulement pour entretenir ce patrimoine, mais aussi pour y accueillir des créations contemporaines (notamment de vitraux). Les occurrences sont peu nombreuses, mais le nombre d’artistes significatifs de notre temps – des peintres en particulier – à avoir trouvé place dans une église en France est étonnamment élevé, comparé aux décennies précédentes, et aux pays voisins.

Les deux auteurs, riches de leurs recherches complémentaires, entendent donner à voir et à découvrir un vaste panorama de l’effort parfois humble et peu durable, parfois grandiose et méconnu, de tous ces clercs savants ou simples fidèles, artistes de premier plan ou du voisinage, croyants ou sceptiques, tous autant de bâtisseurs qui ont su investir et transcender notre quotidien.

Cet ouvrage rend vivant tout un monde foisonnant d’Architecture et d’Arts sacrés, un monde lointain, étranger peut-être, pourtant proche, et finalement familier pour nombre d’entre nous.

Architecture et arts sacrés : De 1945 à nos jours Broché par Pierre Vérot  et Christine Blanchet, archibook, 2015, 615 pages, 26,5 €

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